Pour les coopératives, c’est l’humain avant tout
Globalement, on remarque qu’il y a une différence de raisonnement et d’analyse de risques entre les coopératives et le secteur de la finance. Coopeos (organisme actif dans le bois-énergie local et la performance énergétique) distingue d’une part, une approche bancaire axée sur la solvabilité et, d’autre part, une approche des coopératives davantage tournée vers le social et le local.
Selon la coopérative Nosse Moulin (active dans le secteur des énergies renouvelables), l’évaluation positive d’un projet dépendra surtout de sa capacité à rencontrer une finalité sociale
et environnementale. Le projet doit donc tenir compte de toutes les externalités positives et négatives : approvisionnement local, débouchés, déchets, étude d’émission de gaz à effet de serre (CO2), etc.
Du côté d’Enbosco (organisme de conseils techniques et financiers pour des projets énergétiques), on insiste aussi sur l’importance d’adapter l’argumentaire de son projet en fonction de son interlocuteur, qu’il soit décideur politique ou investisseur. De par leur complexité et leur manque de recul historique, les projets biomasse exigent que l’on soigne leur communication : les mots doivent être choisis en fonction de la personne qui prendra connaissance du dossier.
L’expertise de ValBiom
ValBiom joue un rôle central dans la mise en place du projet biomasse et de son évolution. L’objectif de l’asbl est de conseiller le porteur du projet afin de l’orienter vers un optimum technique (risques industriels ou opérationnels) : l’équipe recadre, oriente et intervient sur le terrain.
Il est certain qu’entre une première ébauche de dossier, sa rédaction finale et sa mise en oeuvre, le projet sera amené à évoluer.
Pistes d’actions
Lors des échanges, tout le monde a souligné l’importance de traiter les financements des projets au cas par cas.
Parmi les idées positives évoquées, il y a une volonté commune de s’entendre sur les points à développer dans le dossier de financement. Notamment, via la réalisation – pour chaque projet – d’un executive summary ; c’est-à-dire une synthèse de présentation du projet qui rassemblerait l’ensemble des éléments cités plus haut : risques, historique, valeurs des actifs, impacts sociaux et environnementaux... Cela, tout en tenant compte de l’interlocuteur (acteur public ou privé) : le vocable du banquier n’est pas le même que celui d’un ingénieur ni que celui du citoyen. Notons que cette synthèse sera parfois l’unique document réellement lu.
Les banques insistent également sur la nécessité de développer des dossiers de présentations complets avec un business plan, c’est-à-dire un plan détaillé de la valeur des actifs et du coût matériel du projet (silo, vis sans fin, torchère…).
Enfin, on suggère la mise en commun des questions des différents secteurs dans une liste appelée FAQ. Celle-ci serait alimentée par le secteur financier, les coopératives et l’équipe de ValBiom avec pour objectif d’être largement diffusée pour éviter toute mésinformation et/ou détournement de l’information.
À garder en tête
Outre ces pistes d’action, Marc Installé de la coopérative Emissions Zéro évoque également le fait que deux inconnues pèsent sur le financement actuel des projets biomasse: la future politique des certificats verts et le futur approvisionnement en combustible.
À son tour, Francis Flahaux (Facilitateur bois à la Fondation Rurale de Wallonie, FRW) évoque un autre élément d’attention : la variabilité des investissements des projets bois-énergie (par gamme de puissance et par type d’utilisateur : privés, tertiaire, entreprise…) est nettement plus importante que pour les autres technologies renouvelables.
Le mot de la fin
On le constate, les banques et coopératives (ou d’autres organismes financiers) représentent des acteurs incontournables dans la concrétisation de projets biomasse. En augmentant les synergies entre ValBiom et ces investisseurs, et en identifiant les lacunes dans la soumission d’un dossier financier, davantage de projets biomasse pourront voir le jour. À noter qu’en 2015, 61 projets ont été encadrés par l’équipe de ValBiom.
Ce 1er évènement de l’année sur le financement de projets biomasse a donc enclenché une nouvelle dynamique pour les porteurs de projets, les ingénieurs, le secteur bancaire et les diverses coopératives actives dans le secteur énergétique.